Bétarétrovirus oncogéniques et cancers

Les cancers naturels viro-induits chez les animaux: maladies négligées dans les champs

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Comme la plupart des vertébrés, les petits ruminants sont infectés par des rétrovirus, virus enveloppés à ARN. Les SRLV (Small Ruminant Lentivirus), un continuum de virus infectant les chèvres et moutons sont responsables de maladies dégénératives et inflammatoires avec des atteintes de la mamelle, du poumon, des articulations ou du système nerveux central. 

Les β-rétrovirus oncogènes induisent des cancers. Le rétrovirus ENTV (Enzootic Nasal Tumor Virus) induit des tumeurs nasales, non métastatiques, avec des lésions de la face, des déformations crâniennes, dans certains cas des exophtalmies et des écoulements nasaux entrainement la mort de l'animal en quelques semaines Elle reste localisée à la muqueuse nasale. JSRV (Jaagsiekte Sheep Retrovirus) induit des adénocarcinomes pulmonaires, à prédominance lépidique, non métastatique. Les symptômes associent toux, essoufflements, émaciation, et dans la plupart des cas un écoulement de sécrétions pulmonaires par les naseaux, contenant de grande quantité de virus.  

Les cancers du poumon et de la muqueuse nasale apparaissent souvent de manière sporadique dans les troupeaux. Mais ils peuvent aussi se manifester sous forme d'épizooties graves, entraînant des pertes majeures dans certains élevages. Les cancers induits par JSRV sont soumis à une réglementation (JORF n°96 du 24 avril 1994) impliquant que pour être autorisés à l'emploi pour l'insémination artificielle, les béliers doivent être indemne de cancers depuis plus de trois ans.

Outre son impact et intérêt en santé animale, le cancer du poumon viro-induit chez les petits ruminants est un modèle unique d'étude de forme rares de cancers du poumon chez l'homme et s’inscrit dans la compréhension des mécanismes d’induction de tumeurs rares. En effet l'adénocarcinome pulmonaire induit par JSRV est très proche cliniquement, radiologiquement et histologiquement de l'adénocarcinome pulmonaire humain à prédominance lépidique tel que défini dans la  classification OMS des cancers du poumon. Comme nous l'avons récemment montré, ce cancer du poumon humain, non associé au tabac, partage entre autres avec le cancer ovin un blocage des principales voies de l’angiogenèse participant à l’absence de métastases extra-thoraciques. Grace à notre implantation dans le service de pneumologie du centre hospitalier Est des HCL, nous menons des études conjointes sur les tumeurs humaines et ovines.

Dans ce contexte, l'équipe PR2T travaille sur différents aspoects viraux et de la relation hôte-virus:

  • établissement de la diversité génétique d'isolats géographiquement distincts de β rétrovirus oncogènes des petits ruminants 
  • caractérisation et circulation des souches virales à l’origine d’enzooties graves et identification des marqueurs génétiques de l'hyperpathogénicité
  • identification des propriétés biologiques des souches hypertpathogènes
  • développement d'outils de diagnostic dans les élevages
  • recherche de signatures rétrovirales et de marqueurs spécifiques de dérégulation dans les adénocarcinomes pulmonaires humains à prédominance lépidique

Soutiens financiers de Ligue contre le cancer, Plan Cancer